Le quatrième album de Little Simz est certainement le plus abouti de sa carrière. Habilement baptisé "Sometimes I Might Be Introvert" (dont les initiales sont SIMBI, en référence au prénom de la rappeuse), il est un superbe terrain d?exploration intime. La Londonienne y mobilise à la fois de grandes orchestrations de cordes, comme sur "Standing Ovation" ou la longue introduction "Introvert", tout en mélangeant l?organique et l?électronique avec une habilité déconcertante. Cet album raconte différents états de sa personnalité, remonte à ses origines nigérianes avec les titres "Point and Kill" (en featuring avec l?étoile montante Obongjayar) et "Fear No Man", jusqu?aux sonorités résolument anglaises sur ""Rollin Stone", qui frôle le grime sans y plonger totalement. Dans une esthétique parfois proche du rap alternatif américain de la fin des années 1990, elle habille ce disque d?interludes bienvenus, pertinents, marquant des ruptures sonores, comme des cycles insérés dans la tracklist. Le flow technique n?a pas changé. Il est toujours en train de jouer avec le temps, même lorsqu?il se fait plus monocorde sur l?excellent single "Woman", même quand il est frontal sur "Speed". "Sometimes I Might Be Introvert" se positionne d?emblée comme l?un des temps forts du rap anglais de 2021, abouti et jouissif sans renier son discours social. Une vraie réussite. @ Brice Miclet/Qobuz